1956 : LE TERRIBLE HIVER
Jamais
en effet, de mémoire de viticulteur, le thermomètre n'avait enregistré pareil
record.
A Villemur, des platanes plus que centenaires ont éclaté en leur milieu
et des dégâts considérables furent a déplorer sur toutes les canalisations d'eau
insuffisamment protégées. C'est toutefois le vignoble qui fût le plus durement
touché. La faible hauteur des ceps ; leur âge moyen élevé, toutes les parcelles
situées en bas fonds ou bordées d'abris naturels, haies, taillis, bois fûrent
gelées à mort. Une enquête effectuée par la Direction des Services Agricoles
recensa plus de 80 % de cépages détruits et leur arrachage s'avéra inéluctable.
Au plan économique, la situation était d'une exceptionnelle gravité. En effet,
une production dont l'authenticité était basée sur l'ancienneté des plantations,
l'observation d'usages culturaux et oenologiques loyaux et constants, venait
d'être brutalement rayée de la carte. Pendant huit années le syndicatde Défensedes
Vins de Villaudric n'eut plus de récoltes à labelliser en V.D.Q.S. Pour ce qui
concerne la Cave de Villaudric l'institution même fût sur le point de disparaître
car les charges de structures ne pouvaient plus être couvertes par les hectolitres
vinifiés qui de 29.000 hls en 1955 descendirent à moins de 8.000 hls en 1956.
La volonté, la ténacité et l'action concertée des viticulteurs ont eu raison
de l'adversité.
En effet, grâce au concours de toutes les administrations de
tutelle et instances départementales, les producteurs purent constituer et déposer
des dossiers de replantation assortis de prêts spéciaux délivrés par la Caisse
Régionale de Crédit Agricole. Monsieur REY Conseiller Général et rapporteur
du budget obtint une prise en charge exceptionnelle par le Conseil Général de
remboursement d'annuités de prêts afin que les intéressés puissent attendre
la mise en production sans trop grever une trésorerie déjà sérieusement compromise.
Parallèlement, on assista également à une modification sensible de la structure
des exploitations généralement de faible superficie moyenne, 15 à20 hectares,
vers une spécialisation nettement plus marquée vers la viticulture et l'arboriculture,
et ce malgré le peu de terre d'assolement disponibles. Beaucoup furent contraints
de replanter vigne sur vigne et de dépenser des sommes importantes pour reconstituer
des sols déjà très usés et déséquilibrés.
En outre, il convenait d'accélérer
la mise en production du nouveau vignoble et c'est ainsi qu'apparurent les premiers
hybrides producteurs directs dont la rusticité, la résistance au froid et aux
maladies cryptogamiques représentaient une sécurité relative en cas de renouvellement
de calamités atmosphériques. La physionomie du terroir se trouva donc sensiblement
modifiée, mais dans l'esprit des promoteurs il fallait retrouver d'urgence un
potentiel de production et par la suite reconstituer et développer la superficie
du vignoble de qualité. Peu à peu les vignes réapparurent et la Négrette, les
Gamays, le Bordelais, le Jurançon, Mauzac redevinrent la base de l'encépagement.
Des essais d'intronisation de nouveaux cépages furent également mis en place
et c'est ainsi que les Cabernets firent leur apparition. Il convenait toutefois
de maintenir un type de vin propre au terroir tout en l'adaptant au goût du
consommateur qui petit à petit s'orientait vers des vins légers tout au long
d'un repas. Avec patience et détérmination le volume dés récoltes se reconstitua
peu à peu, avec d'excellents millésimes et quelques années marquées encore par
la gelée, la grêle. Néanmoins, le fondement de la rénovation étant établi sur
des bases solides, les superficies augmentaient régulièrement en cépages nobles.
Durant ces quelques mêmes années, une forte production viticole nationnale et
les difficultés économiques consécutives au mauvais écoulement des récoltes,
incitèrent les pouvoirs publics à prendre des mesures pour l'amélioration et
le développement de la qualité. Les producteurs de VILLAUDRIC remplissaient
toutes les conditions requises et dés 1970, la récolte vinifiée par la Cave
atteignant 51.000 hls, quelques dirigeants commencèrent à lancer quelques idées
sur la constitution et le dépôt d'un dossier visant à obtenir pour la Région
de Villaudric la classification en Appellation d'Origine Contrôlée, consécration
des efforts entrepris par tous ceux qui avaient recréé un nouveau vignoble.
Cinq ans seront nécessaires pour franchir cette nouvelle étape.